L'Ermitage ou l'Hermitage ainsi que tout le littoral de Saint-Gilles était encore très peu habité au début du 20ème siècle et la forêt de filaos, plantée pour alimenter en charbon la locomotive Shneider du « ti train lontan », était bien plus épaisse qu'aujourd'hui.
Si les derniers grands filaos de l'Hermitage offrent en arrière plage une ombre très prisée pour les baigneurs pendant les fortes chaleurs, ceux du haut de plage n'ont pu remplir la même tâche que les plantes indigènes qu'ils ont remplacées. Ainsi, incapables de retenir le sable corallien, ils ont fini par mourir au fur et à mesure que leurs racines se découvraient au fil des ans et que la plage perdait en épaisseur sous l’assaut des houles saisonnières.
Au bord de l'eau on découvre même depuis quelques années des beach rock(gré de plage), véritable roche mère d'une plage, sensés se trouver sous plusieurs mètres de sable.
La situation devenant urgente, la restauration de la plage de l'Hermitage a donc été lancée et depuis quelques mois, les plages de notre beau lagon s'en trouvent transformées. De nombreuses espèces indigènes et endémiques adaptées à la sécheresse trônent entre les allées aménagées pour les plagistes et le haut de plage est replanté en liane Patate à Durand.
Il s'agit d'une Ipomée Caprae, dont les feuilles font pensées à l'empreinte d'un sabot de cabris. Cette drôle de liane repli ses feuilles aux heures les plus chaudes afin de n'offrir aux brûlants rayons du Soleil qu'un minimum de surface pour ne pas trop évapo-transpirer et ainsi économiser de l'eau.
Sur le haut de la plage, elles retiennent également le sable soufflé par le vent, souvent fort en hiver, qui est capté par les feuilles à moitié repliées, faisant ainsi office d’entonnoir.
Restaurer la plage avec des plantes indigènes permet donc de la préserver, d'apporter de la diversité végétale, mais également animale.
Les oiseaux de divers espèces s'intéressent à nouveau à ce milieu autrefois monospécifique en filaos, et les tortues marines croisant au large de notre île s'y attardent également. En effet, même à une distance de plusieurs kilomètres, elles peuvent, en sortant leur tête de l'eau, sentir l'odeur des plantes indigènes et envisager ainsi de pondre sur nos plages redevenues accueillantes. De plusieurs dizaines de tortues marines qui venaient pondre chaque jour sur nos plages, il y a 350 ans, nous sommes passé aujourd'hui à une seule.
Il était temps d'agir, et le défi reste immense, rendez vous sur les Zarlors bord'mer pour en apprendre plus !