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LA SAVANE DE LA SALINE-LES-BAINS DE LA RÉUNION

LA SAVANE DE LA SALINE-LES-BAINS REUNION 974
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07 janvier 2022

Bien connue pour sa plage de Trou d'eau, le secteur de la Saline-les-Bains a été très tôt intégré dans les concessions données aux premiers habitants de l'île.

 

Mais à la fin du 17ème siècle, François MUSSARD qui y fut le premier propriétaire, était plus soucieux d'établir un élevage qu'une station balnéaire, tout comme Jacques LEGER avec qui il troqua ses terres en 1700. Ce dernier hérite donc d'un terrain qui s'étend de la mer au sommet des montagnes, délimité au Nord par la Ravine de La Saline et au Sud par la Grande Ravine.

 

La partie haute, plus arrosée par les pluies, était destinée au maraîchage, alors que la partie basse plus aride, pour l'élevage de bœufs et de cabris.

 

En 1710, Jacques LEGER possède 250 bœufs, 200 cabris, 100 cochons, 5 chevaux et des volailles.

 

 

Le littoral de l'Ouest était déjà à cette époque couvert d'une savane herbeuse, parsemée ça et là de Lataniers et de benjoins.

 

Ainsi, du Cap de Bourgogne (aujourd'hui Cap de La Marianne) jusqu'à la Grande Ravine, les troupeaux de bœufs Moka ou Mascate (Arabie Saoudite) ou encore zébus de Madagascar paissaient paisiblement dans cette savane, devenue au fil du temps un bien communautaire.

 

Encore aujourd'hui, l'espace allant de la ravine de la Saline à la ravine Trois-Bassins est un lieu-dit, « Les communes » traditionnellement dévolue à l’usage de tous. De grands vestiges de parc à bœufs en pierres sèches sont encore visible dans ce secteur.

 

Ces bœufs se nourrissaient de fataque (grandes herbes de Guinée) dans la savane ainsi que de poids Mascate, grains cuits, qui complétaient leur ration.

 

 

Employés en tant que « bœuf panneau » (transport de divers mobiliers et matériaux), « bœuf charrette » (différents transports dont canne à sucre), pour les manèges des sucreries, les bœufs sont vite remplacés par des mules plus rapides et relégués à l’élevage pour la production de viande.

 

Ces « bœufs de Tamatave », désigné ainsi par le poète Leconte Delisle, sont mis en lumière plusieurs fois dans ces œuvres :

 

« Voici les bassins d’eau clairs entre les blocs de lave ; Par les sentiers de la savane, vers l’enclos, le beuglement des bœufs bossus de Tamatave.. Mêlé dans l’air sonore au murmure des flots, .. »

( poèmes tragiques , l’illusion Suprême ).

 

La Ravine Trois Bassins, aujourd'hui asséchée, en dehors d'épisodes pluvieux d'importance, faisaient le bonheur des bovins de l'époque qui profitait de l'eau de source présente toute l'année dans ses trois grands bassins, déjà décrits par les 12 premiers habitants français exilés de Madagascar (les 12 mutins de Fort Dauphin). Lieu providentiel également pour les forbans et Bourbonnais en quête de trocs et autres bonnes affaires, l'embouchure de la Ravine Trois Bassins permettait au navire pirate d'approcher au plus près des côtes, afin d'établir ce petit commerce nocturne et illégal.

 

De nos jours l'élevage des bœufs Moka se fait rare et les savanes de l'Ouest, pour ne pas disparaître, auraient bien besoin d'eux et des cabris pour empêcher les arbustes épineux de refermer le milieu.