Connaissez-vous les forêts de l'Ouest de La Réunion?
Les Hauts de l'Ouest comptent 4 belles forêts avec une biodiversité différente et belle en couleurs ! Entre espèces endémiques, envahissantes ou encore des arbres centenaires, ces endroits sont des sources d'inspiration.
Parmi les forêts les plus populaires de l'Ouest, la Tamarinaie du Maïdo se place en bonne position.
Avec ses 500 000 visiteurs par an, la forêt des hauts sous le vent offre fraîcheur et dépaysement aux Réunionnais et aux touristes extérieurs. Les Bois de Tamarin des Hauts y règnent en maître, souvent associés, ici et là, à de gros bosquets de Calumets, seul bambous endémique de notre île.
Cette forêt se retrouve entre 1100 m et 2000 m d'altitude, à l'étage mésotherme hygrophile. L'atmosphère est fraîche, humide et donc propice au développement des mousses et orchidées épiphytes. La Tamarinaie du Maïdo reçoit beaucoup moins de précipitations que les forêts de l'Est à la même altitude, pourtant, elle est, chaque jour, recouverte de brume, résultant des formations nuageuses, classiques à ces altitudes. Cette humidité atmosphérique se dépose sur chaque feuille, puis ruisselle le long des branches et des troncs des Tamarins des Hauts, abreuvant les mousses, les lichens, comme les magnifiques Barbes Saint Antoine, ainsi que les touffes d'orchidées qui s'y accrochent.
Le sentier de bord depuis le sommet du Maïdo, en direction d'Ilet Alcipe (ou Ilet Alcide), vous permet de découvrir cette Tamarinaie et son ambiance si particulière.
Comment s'y rendre ? Suivre la route des tamarins, prenez la sortie "Le Guillaume - Maïdo" et continuez à suivre le panneau Maïdo. Quand vous commencerez à serpenter et à voir apparaître une belle forêt, vous y serez.
De l'étage altimontain, à plus de 2000 m, vous descendrez progressivement le long du rempart surplombant Mafate et après quelques heures, les Tamarins des Hauts laissent en peu de temps leur place à une diversité d'espèces endémiques beaucoup plus importante.
Des arbres aux magnifiques troncs noueux vous accueillent, ce sont des Bois de Fer Bâtard, des Mahots, des Bois de Catafaye, des fougères arborescentes, les Fanjans... Vous entrez ici dans une forêt de Bois de Couleurs évoluée, il s'agit de la Réserve biologique des Hauts de Bois-de-Nèfles, le secteur d'Ilet Alcipe.
Cette forêt hygrophile, située à 1500 m d'altitude, est également qualifiée de forêt de nuages ou néphéléphile. Cette grande diversité d'espèces s'inscrit dans l'évolution d'une forêt monospécifique (la Tamarinaie), vers une forêt plus complexe, la forêt de Bois de Couleurs, son stade le plus évolué.
Ainsi, les Bois de Tamarin des Hauts y sont moins représentés mais pas moins remarquables. Vous pourrez ainsi découvrir le Roi des Tamarins, un individu vieux de plusieurs siècles, trônant au milieu du sentier menant à Ilet Alcide.
Une espèce emblématique des forêts de Bois de Couleurs des Hauts de l'Ouest, le Bois de Tan Rouge, peut également se rencontrer dans cette réserve biologique.
Comment s'y rendre ? Prendre la direction du Maïdo et suivre la route forestière n° 68 des Cryptomérias. Vous arriverez à un parking. Garez-vous et prenez le sentier.
Plus au Sud, dans les Hauts de Saint-Leu, toujours autour de 1500 m d'altitude, on retrouve également une forêt mésotherme hygrophile, où le Tan Rouge est roi, avec la présence de nombreux individus pluriséculaires.
Dans ce secteur, la forêt n'est réduite qu'à quelques poches, cernées par l'exploitation forestière du Cryptomérias du Japon, installées il y a plus d'un siècle pour répondre à l'économie locale.
La culture du géranium, au début du 20e siècle, causa également la disparition irréversible de milliers d'hectares de forêt de Bois de Couleurs.
Ce qui nous reste aujourd'hui de ces forêts de nuage uniques au Monde, se trouve en plein cœur du Parc National. La biodiversité faunistique et floristique y est exceptionnelle et constitue un héritage à protéger pour les générations futures, un bien naturel inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO et dont la valeur universelle et exceptionnelle nous oblige tous.
Comment s'y rendre ? Prendre la direction de la Chaloupe Saint-Leu et ensuite Le Plate. Montez jusqu'à atterrir sur une route forestière. La forêt est en face de vous.
Voici une forêt unique au monde que vous allez avoir bien du mal à trouver. En effet, cette forêt emblématique de l'Ouest a quasiment disparu puisqu'il ne reste qu'1 % de sa surface originelle.
Présente uniquement dans l'Ouest, elle occupait autrefois une frange allant de 200 mètres à 800 mètres d'altitude. Aujourd'hui, elle se trouve à l'état de reliques dispersées entre la Grande Chaloupe et des milieux difficiles d'accès dans Mafate et Cilaos. Les 48 espèces endémiques identifiées qui composent cette forêt semi-xérophile, sont capables de résister pendant 8 mois sans recevoir une seule goutte de pluie.
Une partie de ces espèces est dite hétérophiles. Cela signifie qu'elles possèdent des feuilles adultes différentes des feuilles juvéniles. Une stratégie intéressante développée par des plantes soumises à une sécheresse récurrente, à un ensoleillement et à des températures importantes :
Le phénomène étant toujours activement étudié par la communauté scientifique, son explication est encore une théorie. Il s'agirait pour la jeune plantule de présenter des feuilles juvéniles très découpées, offrant ainsi peu de surface aux rayons brûlants du soleil, dans le but d'économiser l'eau de ses tissus.
Ainsi, cette eau ne sera pas perdue par évapotranspiration, mais utilisée dans la production d'un système racinaire robuste. Une fois, ce dernier opérationnel, la jeune plante commencera à produire des feuilles adultes plus pleines, avec plus de surface, ce qui lui permettra de capter plus de lumière.
C'est le cas par exemple, du Benjoin, du Bois de senteur Blanc, du Bois Rouge, du Bois d'éponge, ou du Bois de Quivi.
Depuis 2009, le projet Life + COREXERUN a permis la replantation de plus de 100 000 arbres dans le secteur de la Grande Chaloupe, sur le massif de La Montagne, autour du Chemin des Anglais.
Aux abords de Cayenne, à Mafate , on pourra également observer une centaine de beaux jeunes arbres d'une petite dizaine d'années, régulièrement entretenu par les agents Mafatais de l'ONF.
Des Bois d'éponge, des Bois de Judas, des Bois Rouge, des Benjoins, des Bois de Jolie Coeur, offrent peu à peu, au fil de leur développement, un décor nouveau, une variété de couleur dans une végétation encore pâle et mono-chromée par l'invasion de plantes exotiques peu diversifiées.
Comment s'y rendre ? Se rendre à La Possession et aller vers la route de la montagne. Vous arriverez, avant de prendre la route des hauts, sur un petit rond point. Garez votre voiture dans le parking à gauche, face route du littoral et prenez la petite ruelle à pied. Vous verrez le panneau et le sentier du Chemin des Anglais.
Ainsi, dans quelques décennies, nous pourrons nous promener à nouveau dans la forêt oubliée de l'Ouest.