Posées là. Comme si Roche Plate, La Nouvelle et Marla s'étaient concertés pour que chacun apporte sa pierre tel une offrande à un édifice sacré.
Immuable ce lieu, cette rivière qui coule au milieu des montagnes effritées, dans un paysage crevassé par l'érosion, qui court inlassablement sur cette dalle basaltique d'où plus aucun gravier, caillou ou galet ne s'échappe, et que même le temps ne semble plus altérer.
En rive droite, depuis Marla ou La Nouvelle, un bosquet de filaos agrémente la berge accueillante d'un sol tapissé d'une bonne épaisseur d’aiguilles sèches. Idéal pour le bivouac !
En rive gauche, on fait face au 1000m du rempart du Maïdo, dont il faudra longer le pied, plus loin, une fois reparti en direction de Roche Plate.
Et au milieu disparaît, la rivière... elle se reforme au fond du gouffre, quelques dizaines de mètres plus bas. Les roches glissantes et le courant invite à un grand saut très certainement ultime, ce qui est rarement l'intention de base des baigneurs.
Plusieurs sentiers de randonnées passent par Trois-Roches.
C'est bien ici qu'un ancien filon de lave que cherchait à expulser le Piton des Neiges, s'est retrouvé contraint, dans sa remontée, par les roches trop dures au dessus de lui , de courir à l'horizontal dans l'espoir de s'élever plus loin. Le temps et l'érosion firent leur œuvre et la rivière s'est creusée. Pendant des centaines de milliers d'années, emportant les roches et matériaux du Piton bouclier, creusant toujours, sans que rien ne l'arrêtent, l'eau finit pourtant par atteindre l'ancien filon jadis contrarié dans les entrailles du Piton des Neiges.
Cette intrusion de magma est appelée sill (dyke lorsque l'intrusion est verticale) et une fois refroidit elle donne une roche si dense et dure que la rivière ne peut que glisser dessus.
Ainsi il en faudra encore du temps avant que la Rivière des Galets n'efface toutes les traces des colères volcaniques du passé.