Aujourd’hui, on vous emmène à la découverte de la Bananeraie de Bourbon !
Cette exploitation agricole, nichée aux Colimaçons à Saint-Leu, est le fruit d’une aventure familiale unique, riche en rebondissements et empreinte de tradition malgache.
Nous avons eu le plaisir d’y rencontrer Katiuscia et Olivier Payet, pionniers de la culture biologique de bananes dans l’Ouest de l’île de La Réunion, et de leur transformation en produits gourmands de qualité.
Tout commence à Madagascar, la terre natale de Katiuscia et Olivier. Bien que Katiuscia ait grandi dans le milieu agricole, elle n’avait jamais imaginé en faire un métier et se voyait d’ailleurs bien devenir juge.
Après son baccalauréat littéraire et une année de droit, elle rencontre son futur mari : Olivier Payet, un Réunionnais de retour sur sa Grande Île natale. Ensemble, ils se lancent notamment pendant 3 ans dans la collecte de crustacés et de poissons.
En 2006, ils décident de rentrer à La Réunion. Ils s’installent dans les hauteurs de Saint-Leu, sur le terrain familial d’Olivier. À l’époque, il n’y a qu’un bungalow et un terrain en friche, écrasé par le soleil.
Il retrouve fière allure grâce à l’arrivée de l’irrigation dans la commune. Le couple projette au départ de créer un verger créole avec des arbres fruitiers. Jusqu’à ce que le destin s’en mêle et qu’un ami leur offre une centaine de pieds de bananes…
C’est décidé : Katiuscia et Oliver vont se spécialiser dans la production de bananes. Certains leur rient au nez. Des bananes dans l’Ouest de l’île de La Réunion ? Il faut dire qu’elles sont plutôt cultivées dans l’Est à l’époque.
Déterminée, Katiuscia entame une reconversion et obtient son diplôme agricole. En 2010, elle s’installe comme jeune agricultrice aux côtés de son conjoint collaborateur Olivier, qui s’occupe de planter, récolter et bichonner les terres familiales.
Le duo de choc, quasiment en monoculture, maîtrise sa plantation d’une main de maître. Il peut aussi compter sur le soutien de leurs filles qui viennent les aider.
La Bananeraie de Bourbon est un vrai petit coin de paradis. Blottie à 350 m d’altitude contre les pentes des Colimaçons, elle offre une vue imprenable sur le bleu de l’océan Indien et s’étend 3 hectares, où les bananes côtoient des mangues, des letchis, des papayes et d’autres fruits transformés en saison.
Pour la famille Payet, la production de bananes bio s’est imposée comme une évidence. Une façon pour elle de cultiver ses valeurs, mais aussi de perpétuer la tradition malgache dans laquelle on n’utilise pas de traitement chimique.
De plus, les bananes raffolent de l’ensoleillement de l’Ouest de l’île de La Réunion. Grâce au climat plus sec, elles sont moins exposées aux maladies et aux parasites. Et pour se passer d’engrais, Olivier a trouvé la parade.
Une fois le régime de bananes cueilli, il coupe le pied en tapis de sol, ce qui en fait une matière organique idéale pour éviter à l’herbe de pousser.
Katiuscia et Oliver travaillent un temps avec une coopérative agricole et écoulent leur production sur les marchés forains. Mais si tout semble aller pour le mieux, l’histoire de la Bananeraie de Bourbon ne va pas être un long fleuve tranquille pour autant.
Les parcelles agricoles de la famille Payet subissent de plein fouet le passage des cyclones qui viennent régulièrement taquiner les côtes de notre île. Notamment celui de Bejisa en 2014, suite auquel le couple se retrouve avec une tonne de bananes sur les bras.
Mais Katiuscia ne manque pas de ressources. Plutôt que de laisser sa production se perdre, elle décide de la valoriser en transformant les bananes mûres en délicieuses confitures et les baba figues en cari ou achard.
Elle s’inspire également des souvenirs de son enfance : « avec les bananes vertes, la première chose qui m’est passée par la tête, c’est de faire de la farine. C’est un produit avec lequel j’ai grandi à Madagascar. On mangeait ça en bouillie le matin. C’est très riche, on en donnait aux enfants avant d’aller à l’école ».
Dès lors, la Bananeraie de Bourbon s’inscrit non seulement dans une logique de culture biologique, mais aussi d’anti-gaspillage. Et tout est bon dans la banane ! Même les feuilles de bananiers font le bonheur des restaurateurs péi.
La farine de banane bio est l’une des préparations vedettes de la Bananeraie de Bourbon. Complète et sans gluten, cette alternative à la farine blanche permet de manger plus sainement et de réduire les quantités. Elle n’a pas le goût de banane et s’utilise aussi bien pour faire des crêpes, des gâteaux, du pain ou des sauces.
Katiuscia confectionne également des confitures de banane dans un laboratoire fraîchement installé sur le terrain familial. Vanille, passion, spéculoos, chocolat, coco, beurre de cacahuète… Ses recettes déclinées en plusieurs parfums rivalisent de gourmandise.
Elles ne manquent pas de créativité, comme en témoigne sa confiture banane-poivre sauvage de Madagascar. Mais comme Katiuscia le dit elle-même, « ce parfum, soit on l’aime, soit on ne l’aime pas ». Nous, on adore !
Visiblement, nous ne sommes pas les seuls à apprécier ce savoir-faire, maintes fois primé : challenge des créateurs 2011, talent gourmand 2020, médaille de bronze au salon de l’agriculture de Paris suivie du premier prix au concours des confitures de l'Outre-mer cette année.
La famille Payet est fière du chemin parcouru. D’autant plus qu’« après les cyclones, on a bien failli arrêter » poursuit-elle. Elle a su faire preuve de résilience et déceler dans les épreuves l’opportunité de se réinventer.
Aujourd’hui, elle est l’une des seules à produire et transformer les bananes en farine à La Réunion, avec 600 kg/an. Pour commercialiser ses produits, elle privilégie le marché forain de Saint-Leu le samedi matin et les circuits courts, du jardin à l’assiette, comme avec La Ruche qui dit Oui.
Un projet d’exportation de la farine de banane vers la Belgique, le Luxembourg et la Suisse se profile également à l’horizon.
Enfin, le couple a pour ambition de recycler la fibre végétale du bananier pour fabriquer des contenants biodégradables et préserver l’environnement en remplaçant les barquettes et les couverts en plastique.
À travers leur bananeraie bio, tous deux mettent La Réunion à l’honneur. Ils se réjouissent de proposer la découverte de leur exploitation et de leur boutique, suivie d’un repas en table d’hôte et bien sûr… d’une dégustation de confitures maison. On leur souhaite tout le succès qu’ils méritent !
Envie de rencontrer Katiuscia et Olivier ? Réservez votre Zarlor pour visiter leur Bananeraie bio ! Ce couple de passionnés sera ravi de vous accueillir pour une journée placée sous le signe de l’authenticité et de la gourmandise.
Texte : Sandra & Photos: Roxane @studiohappei - Non libre de droits